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Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé le fantastique.
Ce goût me vient sans doute de l’enfance, des contes russes que me lisait ma mère avec leurs épopées merveilleuses et ces créatures terrifiantes comme la Baba-Yaga . Ils enflammaient mon imagination.
Adolescente, j’ai lu Poe et les contes fantastiques de Maupassant. L’univers de ces grands auteurs était mystérieux, sombre , inquiétant, macabre très souvent mais leur sens inné de l’atmosphère et l’excellence de leurs styles respectifs parvenaient toujours à faire jaillir une étrange beauté de la noirceur. D’une certaine manière c’est cet équilibre entre l’esthétique et l’épouvante que j’ai retrouvé dans les productions Hammer.
A la fin des années 60, le cinéma d’horreur américain qui supplanta les films gothiques m’apparut d’une efficacité redoutable mais il avait perdu la dimension poétique des grands classiques.
Je me souviens être allée voir LA NUITS DES MORTS VIVANTS de George A. Romero avec mon ami le réalisateur Pierre Gaspard- Huit. J’étais terrifiée .
Sa réputation de film-culte n’était pas usurpée . En tant que spectatrice, j’en avais pour mon argent mais en tant qu’actrice je n’aurais pas aimé jouer dans un film pareil ! Il me manquait cette dimension qui donnait aux films Hammer des allures de contes pour adultes.
C’est la raison pour laquelle je suis toujours ravie de découvrir un nouveau film de Tim Burton.
J’ai vu SWEENEY TODD la semaine dernière , une adaptation d’un « musical » de Broadway.
De retour du bagne où il a été jeté injustement, Todd comme le Comte de Monte-Cristo n’a qu’une seule idée en tête , se venger des notables qui ont ruiné sa vie. Il reprend son métier de barbier et finit par égorger ses ennemis jurés en les attirants dans son échoppe. Aveuglé par la vengeance, Todd périra de la même façon que ses victimes.
L’histoire est terrible mais le casting impeccable
( Johnny Depp et Helena Bonham-Carter en tête ) et ce savant alliage entre les chansons et les dialogues servi par la mise en scène très inspirée de Tim Burton font de ce drame « grand-guignol » un opéra sanglant flamboyant.
Si le film semble emprunter ses références du côté des classiques du fantastique de la Universal, il dresse un tableau très pessimiste de la société victorienne qui n’est pas sans me rappeler celui qui se dégage de la plupart des films de Terry Fisher (1).
Tim Burton est assurément l’un des seuls metteurs en scène qui me donneraient envie de jouer à nouveau.
Son attachement au genre gothique et le respect qu’il a vis-à-vis de l’âge d’or du cinéma fantastique me touchent profondément.
à suivre : Le cirque des horreurs(1)
Terence Fisher