Bien qu'il ne comporte pas d'éléments fantastiques a priori, je considère CIRCUS OF HORRORS comme mon premier film du genre. Tous les ingrédients sont là. Un univers baroque et flamboyant, des personnages troubles, dangereux, une atmosphère menaçante et, en point d'orgue, des scènes spectaculaires et horrifiques. CIRCUS OF HORRORS m’a conduite sous le grand chapiteau du cinéma fantastique britannique.
J'ai toujours aimé le monde du cirque. Je n'ai pas hésité une seconde à accepter l'opportunité qui m'était faite de partager la vie des gens du voyage en jouant le rôle de Nicole, la fille adoptive du diabolique Dr Rossiter interprété par Anton Diffring.
Dès la première réunion de production, on me présenta au metteur en scène Sydney Hayers(1). Il m’avait choisi pour le seul rôle féminin positif de toute cette sombre histoire. Hayers savait ce qu’il voulait. C’était un homme talentueux et efficace mais un peu distant. Je regretterais par la suite que nos rapports professionnels n’aient pas été aussi enrichissants au fur à mesure que le tournage avançait. J’y reviendrai.
SYNOPSIS
Condamné à Londres par l’ordre des médecins, le Dr Rossiter ( Anton Diffring) poursuit ses opérations de chirurgie esthétique en France derrière la façade d’un cirque dont il devient le directeur après avoir livré l’ancien propriétaire ( Donald Pleasence) aux griffes d’un ours de la ménagerie. Secondé par deux acolytes, il opère des femmes défigurées qu’il sauve des bas-fonds pour les transformer en artistes de cirque. Lorsque celles-ci veulent s’affranchir de sa coupe, il les tue en arrangeant leur meurtre en accident sur la piste. La réputation maudite du cirque attire la police. Démasqué par l’inspecteur Ames ( Conrad Phillips ), Rossiter prend la fuite. Il est défiguré à son tour par un gorille et périt sous les roues de la voiture d’une ancienne patiente qui veut se faire justice…
De droite à gauche : Anton Diffring, Jane Hylton et moi
L'une des grandes réussites de CIRCUS OF HORRORS tient à ce que la production tourna une partie du film dans les coulisses d'un vrai cirque. Il s'agissait en l'occurrence du Billy Smart Circus situé à Clapham Common, une partie de la banlieue londonienne assez mal famée à l'époque. Ce souci de réalisme permit de restituer remarquablement l'ambiance du monde forain des années soixante.
L'équipe du film était logée dans le cirque. Quant à moi, je couchais dans une roulotte à côté de celle d’une trapéziste italienne et de clowns russes. La cabine de maquillage avait été installée près de la ménagerie, ce qui ne manquait pas d’être pittoresque. Pour mes numéros, je portais une superbe parure de plumes que les singes s'évertuaient à attraper lorsque je devais passer près des cages pour sortir. Quand je ne tournais pas, je répétais mes numéros d'écuyère comme n'importe quel autre artiste du Billy Smart Circus.
La fine équipe technique de Hayers (2) faisait des prises de vue des représentations du soir pour les inclure à l'intrigue. Bien que toutes les conditions de sécurité furent prises, il n'était pas toujours possible de prévoir comment les animaux se comporteraient. Un soir, je faillis être renversée par un éléphant lors d'une entrée en piste. J'en n'en conçus aucune appréhension par la suite puisque je posais sur l'un de ces pachydermes pour des photos de plateaux.
L’hiver de cette année-là s’annonça précoce et rigoureux. Bientôt le froid mordant conduisit l'équipe de tournage à prévoir un hébergement à l'hôtel. Malgré notre bonne volonté, nous n'avions pas le cuir épais des forains, capables de s'adapter en toutes circonstances.
Ainsi, chaque soir, je quittais la banlieue populaire de Clapham Common pour rejoindre mon hôtel dans les quartiers huppés de Grosvenor Square. Ma chère mère m’accompagnait parfois sur les plateaux, ou bien je la retrouvais à l’hôtel. Elle était ma secrétaire et ma précieuse confidente durant ce séjour britannique. Nous tournâmes la dernière semaine des raccords aux studios de Beaconsfield (les plans intérieurs des tentes et des roulottes, ainsi que les baraques d’attraction).
D’une manière générale, je garde un bon souvenir de mes partenaires. Je me souviens tout particulièrement d’Anton Diffring et Conrad Phillips.
Il arrive parfois que les relations entre les acteurs se confondent avec celles des personnages qu’ils interprètent. Ce fut le cas avec Diffring, aussi charmant et protecteur avec moi que l’était le Dr Rossiter. Je le vérifiai aussi avec Erika Remberg, non sans le déplorer car elle jouait l’artiste du cirque qui ne supportait aucune rivalité féminine … sur la piste comme dans les coulisses !
A suivre : CIRCUS OF HORRORS dernière partie
(1) Plus connu du public français pour ses réalisations de la série CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR, Hayers a œuvré une seconde fois pour le fantastique avec un film sur la sorcellerie : NIGHT OF THE EAGLE connu aussi sous le titre BURN,WITCH, BURN.
(2) Douglas Slocombe le grand chef- opérateur de Losey, Polanski et Spielberg, assura la photographie du film.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire