dimanche 27 novembre 2011

Les métamorphoses du vampire

In order to close this album dedicated to Monster Bash 2011,
here is the poem from Charles Baudelaire's "Flowers of evil". The book caused a scandal
when published in 1857 and some pieces were censored, such as the present poem, for more than 80 years !
"Metamorphoses of a vampire" was translated many times in the United States. This is a version from 1958, the year of Hammer's first of many Dracula films.

Pour refermer cet album consacré à Monster Bash 2011, je vous propose le poème tiré du l'oeuvre de Charles Baudelaire "Les Fleurs du Mal". Le recueil fit scandale lors de sa publication en 1857 et fut ensuite expurgé de certaines pièces comme le présent poème pendant plus de 80 ans !
"Les métamorphoses du vampire" connut de nombreuses traductions outre-atlantique, je vous propose celle de 1958, l'année du premier Dracula produit par la Hammer films.



Les métamorphoses du vampire

La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc :
" Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Je suis, mon cher savant, si docte aux Voluptés,
Lorsque j'étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi ! "

Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus
Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d'hiver.

Charles Baudelaire




Andrée Melly in BRIDES OF DRACULA



Metamorphoses of a Vampire

Meanwhile the woman, writhing like a snake
On fiery coals, kneaded her breasts to make
Them hug their steely corset; and she said,
Her lips redder than strawberries are red:

"Behold, my mouth is moist, and on my deep
Couch I can lull grim Conscience fast asleep,
I dry all tears on my triumphant breasts,
Where old men laugh like boys at boyish jests.
For him who sees me naked, I comprise
All moons and suns and stars and clouds and skies!
I am so skilled, fond scholar, in love's charms
That when I hug you in my ruthless arms,
Or, shy and lustful, frail and forceful, when
I yield taut nipples to the teeth of men,
My bosom's pillows, palpitant, would doom
Angels to ruin for coveting my womb..."

When she had sucked my marrow dry, I turned,
Languid, to give her back the kiss she earned,
Only to view, I fond and amorous,
A viscid wineskin, nidorous with pus...

Frozen with fear, I shut my eyelids tight,
Then, opening them against the garish light,
I saw no solid puppet by my side
Whose lusts my blood, drained dry, had satisfied,
But a debris of quavering bone on bone,
Moaning as only weathervanes can moan,
And creaking as a rusty signpost might
Lashed by the furies of a winter night.

— Jacques LeClercq, Flowers of Evil (Mt Vernon, NY: Peter Pauper Press, 1958)



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