Le casting du film était européen.
Rod Carter, l'acteur principal n'avait d'américain que le nom. D'origine suisse, Roland Carey prit ce pseudonyme pour ses films d'action. On retrouve ainsi Rod Carter dans des polars, des péplums ( Le géant de Thessalie de R.Freda).
Il y avait aussi à l'affiche des personnalités de l'époque comme le champion de natation Alain Gottvallès,
Louise Carletti, l'épouse de Raoul André qui était une étoile du cirque très populaire.
L'acteur Michel Lemoine, un ami avec qui je tournerai à nouveau, ainsi que sa femme Jeanine Raynaud. Josy Andrieux actrice et chanteuse d'opérette, que l'émission de Pascal Sevran: La chance aux chansons remit sur le devant de la scène, il y a quelques années ainsi que l'inénarrable Christa Lang, pulpeuse, drôle et charmante, devenue ensuite Madame Samuel Fuller. Nous nous sommes revus quelques années plus tard à Paris.
Son mari agrémentait nos diners de milles anecdotes passionnantes sur sa carrière de cinéaste.
Lorsque je pense à la comédienne Jany Clair, protégée du producteur, une anecdote amusante me revient à l'esprit.
Je vous l'ai dit, nous étions tous très insouciants et l'esprit léger durant ce tournage en croisière sauf elle.
- Moi je ne peux pas rire comme vous, justifiait-elle. J'ai des responsabilités vis à vis de la production.
Nous riions de plus belle !
Les cascades du film étaient réglées par l'acteur populaire Henri Lambert, grand spécialiste des rôles de mauvais garçons. C'est lui qui dirigea les deux scènes de combats entre notre groupe de croqueuses de diamants.
Des scènes désopilantes et éprouvantes à la fois, nous ne ménagions pas nos efforts pour donner à ce pugilat une tournure réaliste tant et si bien que l'actrice Dominique St Pierre se fit très mal aux cervicales. Elle dût renoncer à poursuivre les prises et porter une minerve !
Christa Lang quand à elle, tout à son aise, suggéra même au réalisateur s'il ne voyait pas d'inconvénient à ce que nous poursuivions nos cascades dans le plus simple appareil pour être plus à l'aise !
Au Havre, nous avons pris le paquebot Les Antilles pour rejoindre la capitale du Venezuela : Caracas. Nous avons tourné à bord pendant dix jours. Dix jours au cours desquels nous dûmes affronter des tempêtes tellement fortes qu'une partie des comédiens tomba malade et resta cloîtrée en cabine.
Pour lutter contre le mal de mer, le capitaine m'avait recommandé de manger des pommes et prendre de la Fernet-Branca. Un remède apparemment efficace. Ainsi j'allais et venais sur le bateau sans me soucier de la mer démontée. Je me rappelle même avoir visité l' impressionnante salle des machines du navire avec ses chaudières.
Nous sommes arrivés quelques jours après à Porto Rico.
Il me reste de mon premier séjour dans les tropiques, des souvenirs festifs, des odeurs enivrantes, on dansait, on chantait. Dans ma mémoire, l'atmosphère musicale du film West Side Story est associée à cette merveilleuse escale.
Quelques jours après, nous accostions au Venezuela, au port de la Guaira.
Lorsque notre groupe d'actrices prêtes pour le tournage, maquillées et pimpantes, traversa la rue pour se rendre sur le plateau, une foule de garçons se mit à nous suivre en manifestant bruyamment son enthousiasme. Certains même n'hésitant pas à exhiber leurs attributs virils !
La police est très vite intervenue et nous a permis de nous réfugier dans des vestiaires bien fermés. Caliente !
Rod Carter se jette sur Henri Lambert. De gauche à droite: Sonia Bruno, moi, Christa Lang, Alain Gottvalles, Dominique St Pierre et Jany Clair.
Nous avons aussi tourné dans l'hôtel Tamanaco où nous étions hébergés. Le cadre idyllique des jardins fut utilisé pour plusieurs scènes. Il fallait y regarder à deux fois avant de mettre un pied dans l'eau de la piscine. D'autres baigneurs plus vindicatifs s'y ébattaient: des scorpions.
Les jours de repos, nous visitions les églises espagnoles de Caracas et le soir, nous faisions la fête. L'équipe de tournage fut peu à peu gagnée par l'ivresse et le dépaysement. Au point qu'il fallut, de retour en France, re-filmer certaines scènes jugées insatisfaisantes par la production.
Tous les moyens étaient bons pour réduire les dépassements : Des plans tournés à Nice avec pour seule touche exotique deux palmiers en arrière plan jusqu'aux studios de Gennevilliers où le réalisateur dût se résoudre à reconstituer avec l'énergie du désespoir, l'ambiance des docks du Havre. C'était épique !
MISSION SPECIALE A CARACAS sortit rapidement à Paris. L'équipe du film assista à la première. Le public semblait apprécier autant que nous ce film de vacances.
1 commentaire:
Merci mille fois, chère Miss, pour ces souvenirs délicieux qui gardent toute leur fraicheur; chaque tournage de film est une aventure...
Rod CARTER... Ce pseudo-prénom n'aurait-il pas comme source celui bien réel d'un grand acteur de l'époque, australien de souche, j'ai nommé Monsieur Rod TAYLOR, aventurier de l'écran croisé notamment à bord de sa fabuleuse "TIME MACHINE" du magicien George PAL, acteur que j'affectionne tout particulièrement , très charismatique???
L'immense plaisir de lire ces lignes est associé également à celui de replonger avec délice à l'époque bénie où il n'y avait pas que James BOND qui connaissait d'exotiques péripéties, concurrencé sérieusement par un certain OSS 117 et bien d'autres...
Mille merci respectueux pour tout ce que vous nous avez donné (et que vous nous donnez encore), chère Miss; quel dommage que n'existent pas en France des conventions itinérantes comme aux USA ou en GRANDE- BRETAGNE où l'on peut vous rencontrer et évoquer avec malice tous ces films et tous ces instants de bonheur qui les accompagnent...
Que tout ce qui vous agrée reste votre quotidien...
Thierry
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