Il fallait s'armer de patience pour pouvoir entrer au Grand Palais, ce dimanche 22 février 2009 et admirer les oeuvres d'art de la collection Yves Saint Laurent- Pierre Bergé avant leur dispersion dans l'une des ventes aux enchères les plus mémorables de la décennie.
Des toiles de maîtres, des sculptures, du mobilier prestigieux.
A travers cette exigence esthétique, je voyais se dessiner en creux le portrait complexe et moderne de ce grand couturier que j'avais connu, jadis, assistant modéliste, lorqu'il travaillait pour Dior. J'étais mannequin pour les collections de la maison. Je portais aussi des robes pour des reportages-photos destinés aux grands magazines de la mode et de l'actualité culturelle: Elle, Marie-Claire, Paris Match (1).
Yves Saint Laurent avait à l'époque une vision très précise du tournant qu'il voulait donner à la mode féminine. L'idée novatrice d'émanciper la femme à travers la réappropriation du smoking, il la manifestait déjà en 1955.
Il me disait :
- Tu peux porter ce tailleur noir avec un pantalon noir mais il faut y associer une touche de couleur pour rompre l'austérité de l'ensemble. Assortis-le à un chemisier rose.
Cet habile et élégant brouillage des genres, cet art moderne du contraste, il l'avait ensuite cultivé au milieu de cet environnement somptueux d'oeuvres issues de toutes les époques, de tous les courants esthétiques (Goya, Mondrian, Chirico, Matisse, Picasso).
Un ecclectisme propre à maintenir une pensée créatrice en mouvement comme l'était la sienne.
Le noir et le rose sont restées mes couleurs préférées.
(1)- Nombre de ces reportages ont été faits par Willy Rizzo et Lionel Kazan. Des photographes talentueux auxquels je tiens à rendre hommage.
C'est à la suite de l'un de ces reportages pour des photos " teenage" dans Elle, que j'ai été remarquée par le réalisateur André Hunebelle. ________________________________________________________
Remerciements à Daniel Rapina pour la documentation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire