mercredi 26 mai 2010

Visconti's La Donna Velata

( lire en français)
The most knowledgeable of you will have noticed that La Donna Velata is a painting by Raphael and that the only illustrious Visconti of the world of arts was not a Renaissance painter, but last century’s great moviemaker, author of such masterpieces as Rocco and his brothers, Ludwig or The Damned. They’re right, of course.

However, I have given this title to my post, since I briefly became, during my career, the indirect incarnation of Luchino Visconti’s passion for this great master of Italian painting.

Oddly enough, I had never visited Florence. I spent most of my Italian career living in Rome or the Amalfi coast. I was glad to benefit of this long Ascension Day weekend to discover the prestigious city of the arts. On this Saturday, the 15th of march, the weather was quite unpredictable. No sweat ! I would cross Ponte Vecchio some other time.

I took advantage of the occasion to see the wonders of the Uffizi Gallery museum. The white marble antique sculptures, Quattro cento’s paintings, Botticelli’s Spring, the Birth of Venus, and the Renaissance masterpieces.
I secretly hoped to discover Raphael’s Donna Velata, of which I had only seen reproductions. That one held a particular place in my personal memories :



Some time before I joined Hammer studios in 1960, my agent John Mather organized a meeting with Luchino Visconti.

Among his many film projects, the great director was planning a documentary about past masters of Italian painting. A very particular documentary, since he intended to do photographic reconstructions of some major works. A dialog between art history and the plastic possibilities then available to photography and cinema ? Like most of his contemporaries (Rossellini, Fellini), Visconti was constantly inspired by the history of arts and paintings. He had thought of me to embody La Donna Velata.

Soon afterwards, he entrusted me to his team of dressers and make-up artists. The same crew who had already worked on his most beautiful pictures. They worked with great care, even refining details such as the right skin tone, and drape effects.

As for me, I tried to convey the grace emanating from La Donna’s face, rigorously observing the same attitude for the right hand and its bent fingers. A convention of the time, it seems, since Raphael reproduced it on numerous other paintings such as La Fornarina.



Sometime after these tests, I learned that the documentary’s production was postponed. Time went by, and it never came to be, but I always remembered these tests as a beautiful promise.

This passion for the portrait can be found in all of Visconti’s films. At a time when Cinemascope was merely a tool to shoot the wide open spaces, he was using it for close-ups of faces torn up in the torments of history. The faces he was filming became landscapes.

“La Donna Velata ?”, said again the guide of the Uffizi Gallery.
He shook his head and told me the painting was not there. I could find it in the Palazzo Pitti. I had to give it up. I did not have enough time to visit before going back to Pise.
It seems that La Donna Velata will forever remain a missed opportunity.


Right to left: Luchino Visconti and me during an award ceremony at Ischia.




La Donna Velata de Visconti

Les plus avertis d'entre vous auront noté que La Donna Velata est une toile de Raphael et que le seul Visconti illustre du monde des arts n'était pas un peintre de la Renaissance mais le grand cinéaste du siècle dernier, auteur des chefs d'oeuvre comme Rocco et ses frères, Ludwig ou Les damnés. Ils auront raison bien sûr.

J'ai toutefois donné ce titre à mon billet parceque je suis devenue à un bref moment de ma carrière l'expression indirecte de la passion que Luchino Visconti vouait à ce grand maître de la peinture italienne.

Curieusement, je n'avais jamais visité Florence. J'ai passé la majeure partie de ma carrière italienne à vivre à Rome ou sur la côte Almafitaine. J'étais ravie de profiter de ce long weekend de l'ascension pour découvrir cette prestigieuse ville des arts. La météo de ce samedi 15 mai était capricieuse. Qu'importe ! Je traverserai le pont Vecchio une autre fois.

Là je profitai de l'occasion qui m'était donnée pour voir les merveilles du musée de la Gallerie des Offices. Les sculptures antiques de marbre blanc, les peintures du Quatroccento, Le printemps de Boticelli et La naissance de Vénus ainsi que les chefs d'oeuvres de la Renaissance.
J'esperais secrètement découvrir La Donna Velata de Raphael dont je ne connaissais que les reproductions; une toile qui avait une place particulière dans mes souvenirs :



Quelque temps avant que je rejoigne les studios de la Hammer en 1960, mon agent John Mather organisa une rencontre avec Luchino Visconti.

Le grand réalisateur avait parmi ses nombreux projets de film, un documentaire sur les maîtres de la peinture italienne. Un documentaire très particulier puisqu'il souhaitait faire des reconstitutions photographiques de certaines oeuvres.
Un dialogue entre l'histoire de l'art et les possibilités plastiques qu'offraient alors la photographie et le cinéma ? Comme la plupart de ses contemporains ( Rossellini, Fellini) Visconti puisait son inspiration dans l'histoire de l'art et la peinture.
Il avait pensé à moi pour incarner La Donna Velata. Peu de temps après il me confia à son équipe de costumiers et de maquilleurs. Ceux-là mêmes qui avaient travaillé sur ses plus beaux films.

Le souci de la reconstitution passait par les détails comme la carnation du visage et les effets de drapé. J'essayais quand à moi de restituer la grâce qui se dégageait du visage de la Donna. Observant aussi avec rigueur la même pose pour les doigts repliés de la main droite. Une convention semble t-il puisque cette pose, Raphael l'a reproduit sur d'autres toiles comme La Fornarina.



Quelque temps après ces essais, j'appris que la production du documentaire était reportée. Le temps passant, le film ne vit jamais le jour
mais j'ai toujours gardé les photos des essais comme le souvenir d'une belle promesse.

Cette passion du portrait, on la retrouve dans tous les films de Visconti. Alors qu'a l'époque, on utilisait le cinémascope pour filmer les grands espaces, lui l'employait pour faire des plans serrés de visages traversés par les tourments de l'Histoire. Il filmait les visages comme des paysages.

« La Donna Velata ? », répéta le guide florentin de la Gallerie des Offices.
Il hocha la tête négativement. Il me dit que le tableau n'était pas ici. Je le trouverai exposé au Palais Pitti.
Je déclarai forfait ! Je n'avais pas assez de temps pour m'y rendre avant mon départ pour Pise.
Décidemment La Donna Velata restera pour moi un rendez-vous manqué.


De droite à gauche: Luchino Visconti et moi lors d'une remise de prix à Ischia.




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