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Mes plus grands succès sont ceux que j'ai tournés en Grande-Bretagne. Ils sont considérés aujourd'hui comme des classiques. Aussi m'a-t-il semblé important de vous relater les circonstances qui m'ont conduite jusqu’aux fameux Bray Studios.
Impossible de ne pas évoquer la figure élégante et spirituelle de George Sanders. Il présentait la dramatique télévisée: " Women in love" dans laquelle je jouais pour la troisième fois en anglais.
C'est à partir du succès de cette production que tout s'est enchaîné...
Daniel Massey
et moi
dans
THE STOWAWAY
En 1958, je suis en Italie.
AVVENTURA A CAPRI est mon huitième film transalpin. L'aventure va déborder du cadre du scénario d'une manière inattendue.
En marge des plateaux, alors qu'il ne reste plus que quelques heures de tournage, le moteur du canot sur lequel je me trouve, explose.
Le feu me brûle grièvement.
Je suis hospitalisée pendant plusieurs semaines. Mon entourage est très inquiet. Je reste pourtant confiante malgré la situation critique.
Mon accident fait la une des journaux et me vaut ce qu'on appelle aujourd'hui une "médiatisation" certaine.
Des chroniques mondaines où l'on me voit, immortalisée par les photographes dans les soirées de prestige, le tourbillon de la Dolce Vita,
je deviens du jour au lendemain la bête curieuse du reportage à sensation. Le revers de la notoriété.
Les séquelles esthétiques de l'accident s'estompent peu à peu.
De retour à Rome, je songe à d'autres horizons.
Cela tombe bien, mon agent anglais m'appelle. INN FOR TROUBLE n'avait pas été un mauvais souvenir (1).
Cette fois-ci, il s'agit d'une dramatique télévisée produite à l'occasion du 3e anniversaire de l' Associated Rediffusion, une filiale londonienne de ITV.
J'aurai pour partenaire Daniel Massey et comme hôte George Sanders.On ne pouvait souhaiter meilleure compagnie.
Je quitte sans regret la douce lumière de la péninsule pour l'effervescence de la capitale britannique.
AVVENTURA A CAPRI aura été un mal pour un bien.
Comme son titre ne l'indique pas, WOMEN IN LOVE (2) n'a absolument rien à voir
avec le roman de D.H. Lawrence bien qu'il y est aussi question d'exalter l'éternel féminin.
Le téléfilm est constitué de six sketchs reliés entre eux par la présentation spirituelle
de George Sanders qui joue le "rêveur masculin".
Sanders est dans la vie comme à l'écran, un galant homme qui ne peut jamais se départir
de son flegme " so british".
C'est aussi, comme les grands acteurs de cette époque, un cosmopolite.
Apprenant que j'avais des origines slaves du côté de ma mère, il se met naturellement à plaisanter avec moi dans un russe impeccable.
Parmi les "femmes amoureuses" du casting figure aussi l'italienne Scilla Gabel, la future Elfie Whal
du beau film macabre de Giorgio Ferroni : LE MOULIN DES SUPPLICES.
L'ensemble de la réalisation est supervisé par Peter Graham Scott,un réalisateur de télévision chevronné qui donnera plus tard à la Hammer films,
l'un de ses meilleurs films d'aventures : CAPTAIN CLEGG.
Moi, je suis Félicity, l'héroïne du dernier sketch: THE STOWAWAY
( la passagère clandestine).
L'histoire se déroule sur un bateau, au bord de la méditerranée.
Daniel Massey est un célibataire qui occupe la cabine dite des "Lunes de miel".
Il se lamente de ne pouvoir la partager avec une jolie femme jusqu'à ce qu'il découvre Félicity la passagère clandestine. S'ensuit un chassé-croisé amoureux sur le ton de la comédie.
Je suis facétieuse et mutine. Mes origines françaises apportent juste ce qu'il faut d'exotisme pour compléter ce tableau anglais d'un voyage dans le sud (2).
Voilà pour le script. La réalisation est une autre affaire.
Nous n'avons que trois jours pour répéter. On tourne l'histoire entière le quatrième jour.
Le sketch est joué dans la continuité et ampexé (3) avec plusieurs caméras exactement
comme pour une pièce de théâtre. Il n'y a pas de filet. Ce sont les conditions du direct.
La pression participe à l'excitation qui nous anime tous.
Quand à moi, je veux surtout éviter de répéter une approximation sur un dialogue à l'origine d'un éclat de rire général.
" Je dois récurer le pont " en anglais " scrub the deck" devenait invariablement dans le feu de la répartie " scrub the... neck ( le cou ) " !
Avec une opiniâtreté qui entretient l'hilarité de l'équipe, je perpétue mon erreur jusqu'à la dernière répétition.
Et puis le tournage a lieu. Les caméras me suivent dans la cabine et sur le pont. Je sens le roulis de la mer.
Je suis Félicity sur un bateau au large des côtes françaises. Plus rien d'autre ne compte. J'avais oublié de me tromper !
Contre toute attente, j'étais parvenue à limiter mes préoccupations ménagères au domaine de la marine.
THE STOWAWAY me vaut de bonnes critiques.
Le charme de cette comédie légère attire l'attention de producteurs anglais qui recherchaient
une jeune femme pour un film sur le cirque.
Pas n'importe lequel: LE CIRQUE DES HORREURS(4)!
( à suivre )
(1) INN FOR TROUBLE de C.M.Pennington Richards (1958)
Un spin-off de la sitcom à succès THE LARKINS avec Peggy Mount et David Kossoff.
(2) WOMEN IN LOVE:
The stowaway réalisé par Ronald Marriott ( 1959)
(3) Du nom de l’Ampex. Enregistrement sur bande vidéo.
(4) CIRCUS OF HORRORS de Sidney Hayers ( 1960 )
samedi 15 novembre 2008
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1 commentaire:
Curieux que ce téléfilm ne figure pas sur IMDB !
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