mardi 28 septembre 2010

L' épervier des caraïbes

(read the english version)
Pour aborder cette rentrée, je vous souhaite à toutes et tous l'énergie et la ténacité du capitaine Olivares, le héros de L'épervier des caraïbes.



Dans ce film italien de pirates, je jouais Arica sa compagne, une improbable mulâtresse au destin tragique. Les producteurs avaient vraisemblablement pensé à moi après m'avoir vue en eurasienne dans L'empreinte du Dragon Rouge.
L'énergie, le réalisateur Piero Regnoli n'en manquait pas non plus mais sa ténacité ne parvint pas à surmonter les problèmes de trésorerie de la production. Au final, L'épervier des Caraïbes est devenu le seul film inachevé de ma carrière. Vous imaginez bien quelle fut ma surprise, lorsqu'il y a quelques années, des amis autrichiens m'en firent parvenir une copie vidéo doublée en allemand !





synopsis
Au milieu du XVI siècle, un groupe de prisonniers évadés mené par le capitaine Juan Rodrigo Olivares ( Johnny Desmond) prend possession d'un navire espagnol semant la terreur dans toutes les Antilles.
Olivares tombe amoureux de la petite-fille du Vice-roi de Santa Cruz, délaissant sa compagne Arica ( Yvonne Monlaur), une mulâtresse qu'il a sauvé de l'esclavage. Devant la menace d'une attaque anglaise sur les côtes, le Vice roi et le capitaine Esteban parviennent à rallier Olivares à leur cause et l'envoyer en première ligne pour affronter la flotte de la perfide Albion.



Regnoli était un passionné du cinéma de genre(1). Son scénario riche en rebondissements et scènes épiques répondait à toutes les conventions du cinéma hollywoodien. Il aurait probablement nécessité des moyens supérieurs à ce dont la production disposait; qu'à cela ne tienne, il restait à Cinecitta des éléments de décors du Cléopâtre de Mankiewicz, des décors qui, habilement réutilisés pouvaient faire illusion.




La majeure partie du film fut tournée dans le port d'Anzio près de Rome.
Il y avait là un village, une flottille antique réaménagée d'où parfois l'aspect dépouillé et austère des étranges galions de l'armée espagnole. Quand il manquait de la figuration, la production faisait appel au bénévolat des habitants du port, ils venaient grandir les troupes durant les scènes de bataille.
Johnny Desmond (2) semblait parfois un peu perdu au milieu de ce vaste chantier ! Pour ma part, je n'étais pas surprise de l'ambiance chaotique qui régnait sur le plateau. J'avais déjà tourné en Italie de nombreux films dans ce type de conditions mais cette fois-ci les problèmes financiers survinrent dès le début du tournage. Ils touchaient tous les postes artistiques.




Je me souviens avoir accompagné la costumière au marché aux puces romain afin de trouver un tissu peu onéreux pour ma tenue d'esclave. Elle me confectionna une robe cintrée dans une pièce de tissu avec des fleurs imprimées qui tenait plus du double rideau "façon sixties" !
Economies obligent, cette robe a été mon unique tenue durant tout le film.

Regnoli réécrivait le scénario chaque jour pour adapter le planning aux contraintes budgétaires. Ses différends avec la production le conduisirent bientôt à nous annoncer que le tournage s'arrêtait !
Durant un mois, l'équipe technique et les acteurs bataillèrent par avocats interposés avec la production pour toucher leur salaire. Le tournage reprit avec un scénario totalement remanié. En vain.
Regnoli abandonna le plateau. La production s'arrêta définitivement.




L'épervier des caraïbes ( titre belge puisque le film n'est pas sorti en France) tel qu'il est visible actuellement possède bien un début et une fin mais souffre parfois de transitions abruptes dues aux scènes de batailles inachevées et aux carences de postproduction.

A l'image de la scène finale qui voit Olivares périr avec Arica dans son galion, L'épervier des caraïbes est resté dans ma mémoire comme un bateau ivre prenant l'eau de toutes parts.


(1) Il fut un scénariste prolifique couvrant tous les genres. On le connait aussi en France pour son film fantastique : Des filles pour un vampire, avec Walter Brandi .
(2 ) Il menait une carrière de chanteur populaire issu du Big Band de Glenn Miller.



1 commentaire:

bbjane a dit…

Une preuve supplémentaire que tout film maudit est un jour ou l'autre appelé à ressurgir. Espérons qu'un distributeur aura un jour l'idée de l'éditer en DVD, et que cette bande oubliée trouvera le chemin des vidéothèques de vos fans complétistes... Merci pour cette évocation...

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